News letter Terramada, nov. 2006

Publié le par Train de vie

 Bonjour à tous !

 

 

 

  Nous avons quelque peu modifié notre itinéraire de départ, et sommes à Terramada dans le sud-est du Portugal depuis deux semaines.

 

 

 

  Terramada (« Terra aimée ») n’est pas exactement un village, plutôt un hameau dépendant du village de Tanoiero, près de Castro Marim. Un terrain de 10 hectares fut acheté voici 20 ans par un jeune couple français voulant vivre dans un environnement sain et naturel. Au fil des années, ils ont en partie reboisé le terrain aride, retapé la maison existante, cultivé et accueilli de nombreuses personnes de passage. Il y a quatre ans qu’ils ont participé à la création de l’association Terramada, qui vise à lutter contre la désertification des sols et développe la permaculture. Actuellement, quatre personnes vivent en permanence sur le lieu, qui comprend vergers, potagers, pépinières, habitations, panneaux solaires et éolienne… Ils souhaitent dorénavant mieux se structurer pour pouvoir accueillir les visiteurs dans de bonnes conditions, et communiquer autour de la permaculture.

 

 

 

  Qu’est-ce-que la permaculture ?

 

  La permaculture développe (entre autres) un système d’agriculture simple qui demande peu d’énergie pour un grand rendement. Elle propose une alternative aux pratiques agriculturelles intensives occidentales, ainsi qu’aux productions agricoles vivrière et villageoises des pays en voie de développement.

 

Pour Fukuoka[1], il s’agit de travailler avec et non contre la nature. Voici les principes de l’agriculture sauvage selon Fukuoka, méthode qu’il qualifie de « non-agir » et qui est à la base de la permaculture:

 

  - Pas de préparation de sol, pas de labour

 

  - Pas d’engrais chimique ni de compost préparé

 

  - Pas d’élimination des herbes indésirables pas sarclage ou herbicide, mais utilisation de ces plantes (mulch, paillage…)

 

  - Pas de dépendance aux produits chimiques. Un équilibre se crée entre insectes, maladies, nuisibles etc…

 

  La méthode, qu’il a développé pendant 40 ans, dépense moins de travail et cause moins de dégâts à la nature qu’aucune autre méthode tout en maintenant les mêmes rendements que ses voisins utilisant une agriculture traditionnelle ou des produits chimiques.

 

 

 

  Pour Mollison[2], voici les caractéristiques fondamentales de la permaculture :

 

  1. « Possibilité de mise en valeur de la terre à petite échelle

     

  2. Utilisation du sol plus souvent intensive qu’extensive

     

  3. Diversité des espèces végétales, des variétés employées, de la production, du microclimat et de l’habitat

     

  4. Accent mis sur un processus évolutif s’étendant sur plusieurs générations

     

  5. Emploi d’espèces sauvages ou peu sélectionnées (plantes et animaux) comme éléments du système

     

  6. L’intégration de l’agriculture, de l’élevage, de la gestion de la forêt existante et de la tonte des animaux devient possible, cependant que l’aménagement du terrain par les moyen du génie rural se justifie

     

  7. La permaculture peut s’appliquer aux terres rocheuses, marécageuses, marginales, à forte pente, qui ne conviennent pas à d’autres systèmes »[3]

     

 

 

  Un « jardinier du dimanche » peut réussir à faire un potager en allant dans son jardin une fois par semaine ! Cette méthode d’agriculture utilise peu d’énergie et sait tirer parti de l’énergie naturelle disponible. Le milieu est considéré dans sa globalité : chaque élément a plusieurs fonctions et chaque fonction dépend de plusieurs éléments, il s’agit de bien planifier au début. La permaculture intègre également tous les aspects de la vie de l’homme (économie, habitat etc…) en tenant compte des besoins.

 

 

 

  Fukuoka a travaillé pendant une quarantaine d’année autour de la permaculture. Au japon, après avoir prouvé que « l’agriculture sauvage », naturelle, pouvait être aussi, voir plus performante, que l’agriculture traditionnelle, ou l’agriculture utilisant des produits chimiques, toutes ses terres ont été rasées par l’état japonais mais cela n’a pas empêché son enseignement de se répandre. A l’heure actuelle, alors que certains prônent l’utilisation des OGM (dont on ne connaît toujours pas les effets à long terme) comme l’une des principales solutions au problème de la famine, d’autres mettent en pratique et informent sur la permaculture qui semblent être une alternative beaucoup plus saine pour un avenir durable : d’une part parce qu’ elle dépense moins d’énergie, donc moins d’argent, et d’autre part parce qu’elle s’adapte à tout type de terrain. Elle permettrait aux pays en voie de développement d’être autonomes au niveau alimentaire, par rapport aux pays occidentaux.

 

 

 

  C’est pourquoi, il nous a semblé nécessaire de consacrer une newsletter a ce sujet… Bien qu’il soit évidemment important de manifester son mécontentement contre les OGM ou l’agriculture intensive, il nous semble primordial de proposer des alternatives concrètes et de les mettre en pratique. C’est d’abord dans nos jardins que le changement commence… alors, à vos pelles !

 

 

  Sinon, pour les nouvelles plus personnelles, tout va très bien pour nous… C’est sous un ciel resplendissant et sans nuage, ou sous la tempête, que nous passons nos journées… Comme vous l’aurez sûrement compris, nous apprenons beaucoup ici et nous sommes très occupées. Pendant plusieurs jours, il y a eu de très très fortes pluies, du coup, un mur protégeant un verger de l’inondation, s’est écroulé… il a fallu le reconstruire assez vite…

 

 

  A coté de la caravane où nous dormons, toujours suite aux pluies, une partie de la falaise s’est écroulée. Nous avons profité des pierres et déblayé pour construire une petite terrasse qui pourra servir de potager… Nous avons aussi eu le plaisir d’aider des électriciens à monter des panneaux solaires rotatifs !  Ces personnes habitent elles aussi dans un écolieux créé il y a 2 ans et tentent d’y investir leurs voisins pour que, peur être plus tard, il devienne écovillage.

 

 

 

  Les personnes qui nous accueillent sont vraiment très sympas ! Nous avons eu le plaisir de partager beaucoup de temps avec elles, pendant différents travaux, mais aussi à l’occasion de repas : autour du feu, soirée crêpes et ce soir… tartiflette !!!

 

Le cadre est super, tout vert, malgré la sécheresse et grâce à la permaculture…Nous sommes les pieds au bord d’un lac, dans lequel nous avons pu nous baigner en plein mois de novembre !

 

 

 

 Voilà voilà, pour plus d’informations, n’hésitez pas à nous contacter, et à aller consulter les références en fin de lettre !

 

 

 

 Vertes salutations,

 

 Marine et Thérèse-Marie

 

Le 20-11-06

 

 

 

 

 

Références :

 

-         MOLLISON Bill, « Permaculture 1 », 1986, Edition Debard et « Permaculture 2 », 1993, Edition Equilibres (pour les éditions françaises)

 

-         FUKUOKA Masanobu, « La révolution d’un seul brin de paille », 1983, Edition de la Maisnie (pour l’édition française)

 

-         Site de Terramada

 

-         Site de Nelson

 

-         Nature et progrès

 

 

 



[1] FUKUOKA Masanobu, « La révolution d’un seul brin de paille », 1975, Paris, Edition de la Maisnie (pour l’édition française)

[2] MOLLISON Bill, « Permaculture 1 » et « Permaculture 2 », 1978, 1981, Editions équilibres (pour l’édition française)

[3] Ibid.2, p. 21 (Permaculture 1)

 

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